Le 26 septembre dernier, Naama, réseau de coworking nouvelle génération et partenaire de la première heure de Green Sanctuaries, abritait dans ses locaux des Gobelins une conférence à plusieurs voix sur les mots et les droits du vivant. La captation intégrale de cette très belle soirée est à retrouver en fin d’article
Mieux parler du vivant pour mieux agir
“Environnement”, “Nature”, “Biodiversité”, “Jungle”, “Forêt vierge” : derrière chacun de ces mots se cachent des conceptions du vivant, donc des manières d’agir sur lui, et une place qui lui est (ou non) accordée. Christophe Gerschel, fondateur de Green Sanctuaries, a abordé la question cruciale des mots du vivant.
En faisant appel aux philosophes Vinciane Despret et Baptiste Morizot, aux anthropologues Philippe Descola et Eduardo Kohn, ou au sociologue Bruno Latour, il nous amènera à nous pencher sur la manière dont nous envisageons notre rapport au vivant. En interrogeant nos visions anthropomorphiques, en rappelant la dynamique et la complexité du vivant, sa résilience et sa vulnérabilité, il nous engage à un sursaut nécessaire. Son horizon : nous encourager à recomposer un monde où l’humain accepte afin de laisser au non humain la place qui lui revient. Le bien-être, la survie même des générations futures en dépendent.
Hadrien Bureau, normalien et professeur agrégé en école préparatoire, a poursuivi cette réflexion en l’élargissant pour déclencher une prise de conscience de l’importance du langage et du choix des mots dans toute bataille culturelle. Si la réflexion de fond sur les enjeux écologiques est évidemment première et indispensable, elle manquera toujours d’efficacité selon lui si elle n’est pas associée à une puissante réflexion collective autour du choix des mots.
Accorder des droits au vivant, un progrès nécessaire
Marine Calmet, présidente de l’association Wild Legal, a de son côté apporté son éclairage juridique sur la question du vivant. Wild Legal est une initiative qui se pense en couveuse des initiatives juridictionnelles environnementales les plus innovantes. Partant chaque année d’un cas concret soumis par une ONG partenaire, l’association s’organise en think tank composé d’experts, étudiants et citoyens pour travailler la problématique pendant plusieurs mois avant de la porter en justice. Reconnaissance des droits de l’Amazonie, des droits des rivières ou de l’écocide en Méditerranée, Wild Legal cherche à opérer une véritable transition écologique par le droit.
Marine Calmet a établi un dialogue avec Elodie Duhamel, doctorante, dont la thèse porte sur l’apparition de communs comme réaction à la marginalisation des droits fonciers collectifs. Elle étudie notamment deux forêts au Sénégal et en Côte d’Ivoire.